Malgré les fermetures, le nombre de centres progresse toujours

Au 1^er février 2025, selon les statistiques de l’Annuaire de l’audition, on comptait en France 7 898 centres auditifs. C’est 504 de plus qu’en 2024, soit une hausse de 7 %, dans la droite lignée des années précédentes. Entre 2019 et 2025, le nombre de centres est passé de 5 467 à 7 898, soit 2 431 centres supplémentaires, qui correspond à une hausse colossale de 44 % (voir graphe ci-dessous).

Record d'ouvertures...

Les 504 centres supplémentaires en 2025 résultent d’un nombre d’ouvertures conséquent, le plus important depuis 2019 : on en recense 727 entre 2024 et 2025, contre 665 l’année précédente (+ 9 %). Mais le nombre de fermetures a aussi augmenté : 223 ont été comptabilisées. C’est également le plus élevé depuis 2019. Il a crû de 70 %.

La part des centres mixtes (qui associent une activité audio à une autre activité) reste stable. Elle atteint 22 %, et ce, depuis 3 ans.

Avec 7 898 centres pour une population de 66,4 millions d’habitants (en France métropolitaine), la densité atteint 11,9 centres pour 100 000 habitants. Si l’on rapporte ce chiffre à la population sénior uniquement (18,7 millions de 60 ans et plus), cela donne une densité de 42 centres pour 100 000 séniors. En 2019, la densité atteignait 8,4 centres pour 100 000 habitants, ou 31,9 centres pour 100 000 séniors.

Entre 2019 et 2025, les nouveaux centres se sont majoritairement implantés autour des grandes villes et sur le littoral, là où la population est la plus importante. La carte des ouvertures laisse clairement distinguer la fameuse diagonale du vide, qui s’étend du Béarn aux Ardennes, en passant par le Limousin, le Berry, la Champagne (voir carte ci-dessous)...

Toutefois, on note qu’entre 2019 et 2025, les densités en centres audio ne se sont pas renforcées uniquement dans les régions où elles étaient déjà fortes, ce qui aurait creusé l’écart avec les zones désertées par la profession. Au contraire, l'augmentation du nombre de centres a globalement bénéficié à l’ensemble du territoire français. On constate que, à part pour deux départements (la Creuse et l’Ariège), la tendance est à une très légère homogénéisation des densités, qui se resserrent autour de la moyenne nationale, et donc à un meilleur maillage territorial (voir boite à moustaches ci-dessous).

Le cas de la Creuse est intéressant. C’est l’un des départements les moins dotés en audioprothésistes. La Drees en recensait 4 en 2024, soit une densité de 3,54 audioprothésistes pour 100 000 habitants. Mais ce département affiche l’une des deux plus fortes densités en centres : plus de 20 pour 100 000 habitants. Il est possible, dans ce cas précis, que l’ouverture de centres compense un manque d’audioprothésistes patent.

Par ailleurs, la hausse globale du nombre de centres constatée en France ne suit pas la tendance de l’activité, légèrement à la baisse depuis deux ans. Le nombre d’aides auditives délivrées a diminué de 2 % entre 2022 et 2023, et de 2,5 % l’année suivante. Le nombre de patients appareillés suit la même tendance. Est-ce en raison d’un décalage temporel entre l’augmentation du nombre de centres et l’évolution de l’activité ? Dans ce cas, il sera intéressant d’observer la dynamique des ouvertures et aussi celle des fermetures dans les mois qui viennent. Autre hypothèse : sentant cette baisse d’activité, les enseignes, sous pression, ouvrent davantage de centres afin de capter les malentendants qui ne sont pas encore appareillés. Pour rappel, on estime à 55 % la part de malentendants équipés (EuroTrak 2025).

... et de fermetures

Le nombre de fermetures semble plaider en faveur de la première hypothèse. 223 centres ont fermé au cours de l’année 2024. C’est le chiffre le plus fort jamais observé. Il est en hausse de 70 % par rapport à l’année précédente. Et ce sont les indépendants sans enseigne nationale, les enseignes intégrées et les succursalistes qui concentrent le plus de fermetures (90 %). On note par ailleurs que certaines enseignes sont particulièrement en difficulté, voire ont mis la clé sous la porte, comme We Audition ou AVEC mon audio Autre élément à scruter : le nombre d’audioprothésistes croit plus vite que celui des centres : +8,4 %, +8,7 % et +10,6 % pour le premier, lors des trois dernières années, contre +7 %, +8 % et +7 % pour le second. La conséquence de cette divergence pourrait être une accélération de la saturation du marché de l’emploi, en particulier dans les zones les plus denses.

À lire aussi | â–¶  La fin du plein emploi en audio

À chaque modèle sa destinée

Bien que la tendance soit globalement à la hausse, on constate des destinées sensiblement différentes en fonction des modèles. Comme l’an dernier, ce Baromètre a réparti les différents centres au sein de cinq catégories non exclusives (voir graphe ci-dessous) : audio-optique, indépendant sans enseigne (ou sous enseigne non nationale), indépendant sous enseigne nationale, intégré et succursaliste (uniquement ou succursaliste et franchiseur).

Cette année encore, ce sont les catégories audiooptique et indépendants sans enseigne qui, d’une part, se taillent la part du lion et, d’autre part, ont crû le plus fortement ces derniers mois. En effet, ces deux catégories regroupent 55 % des centres français. C’est 2,3 points de plus que l’an dernier. Et pour cause, les croissances sont fortes : + 10 % de centres pour audio-optique, + 12 % pour les indépendants sans enseigne.

À lire aussi | â–¶ Dynamique des acteurs : un échiquier en mouvement