Alors que débute l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale à l’Assemblée ce mardi, l’étude publiée par le cabinet Xerfi cet été apporte de l’eau au moulin au secteur pour se défendre. Celui-ci est en effet attaqué sur ses bases, notamment par le rapport Charges et produits pour 2026 de l’Assurance maladie, qui classe l’audioprothèse parmi les secteurs « à rentes économiques », et diverses mesures à l’étude comme la dissociation du prix du produit et de la prestation, l’abaissement du prix limite de vente, l’allongement du délai de renouvellement, la mise en place de franchises médicales...
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Les chiffres de Xerfi, dévoilés par le SDA dans un communiqué diffusé le 4 novembre 2025, viennent contredire la thèse de l'Assurance maladie. S’il admet partager « l’inquiétude de l’Assurance maladie concernant les risques de financiarisation, de pression productiviste sur les jeunes diplômés et de concentration des centres », le SDA critique une « lecture biaisée des chiffres ». Selon lui, le ratio d’EBE/CA de 15,8 % de 2022 souligné par la Cnam n’était qu’un effet transitoire du lancement du 100 % santé. « Ce chiffre surestime la performance des années suivantes car il ne prend pas en compte les investissements en personnel réalisés sur les exercices ultérieurs afin d’assurer le suivi des nouveaux patients », explique-t-il. Depuis, la situation s’est dégradée, comme en témoignent la baisse de 65 % du résultat net des indépendants en 2023, mise en lumière dans l’étude Xerfi, et la fermeture record de 223 centres l’an dernier.
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Entre 2019 et 2023, le marché a certes progressé de 75 %, mais le chiffre d’affaires moyen par centre indépendant a été divisé par 3 : « Il n’a progressé que de 5,3 % sur la période, tandis que les charges explosaient : masse salariale + 21,9 %, autres achats et charges externes + 30,9 % », rapporte le SDA.
Le Synea n’avait également pas manqué de contester l’analyse de la Cnam : « [Elle] s’appuie sur les bilans 2022 et donc le pic de ventes de 2021, année marquée par un chiffre d’affaires élevé mais dont une partie importante du travail – le suivi, indissociable de l’appareillage – s’est poursuivie dans les années suivantes. Par ailleurs, le secteur connait une baisse régulière des prix moyens de vente depuis des années et les résultats économiques de 2024 montrent une réalité bien différente : certains centres rencontrent des difficultés, ce qui est inédit. »
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L’évolution des volumes ne suffit donc plus face à un accroissement éclair de la concurrence et un contexte économique inflationniste. Les grands groupes – hormis les réseaux audio-optiques – n'ouvrent plus de centres depuis 3 ans et l’on assiste à des plans sociaux dans le secteur. Un cinquième des structures de l’échantillon étudié par Xerfi est en situation de fragilité économique et se trouve donc plus susceptible de boire la tasse à la moindre évolution règlementaire. Dans ce contexte, le SDA met en garde contre « toute réforme qui ne tiendrait pas compte de la dégradation constatée de la rentabilité », et contribuerait à fragiliser davantage encore les audioprothésistes indépendants et à favoriser la concentration du marché au profit des grands groupes. « Une telle évolution, susceptible d’entrainer des faillites pour certaines structures, aurait des répercussions majeures sur la qualité – voire la continuité – du suivi des patients appareillés », soutient le SDA, qui appelle à une analyse fondée sur des données actualisées.
Quant au Synea, il indique : « Si des ajustements sont nécessaires, ils doivent se faire sans renier les avancées majeures obtenues après des années d’efforts collectifs ».
