« Le message de La Semaine du son s'inscrit parfaitement dans la vision de l’OMS »

La Dr Shelly Chadha, qui coordonne le Programme de prévention de la surdité et de la déficience auditive à l’OMS, est une fidèle de La Semaine du son de l’Unesco. Et pour cause, l’OMS, à travers l’Unesco, et La Semaine du son affichent des valeurs et des objectifs communs. Explications avec l’ORL indienne.

Propos recueillis par Bruno Scala
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La Dr Shelly Chadha aux côtés de Christian Hugonnet, lors de La Semaine du son 2016.

Audiologie Demain : La semaine du son de l'Unesco vient de se terminer. Quelle est l'importance de ce genre d'événement pour la sensibilisation ?

Shelly Chadha : La Semaine du son de l’Unesco offre une occasion unique de sensibiliser à l’importance du son dans nos vies ainsi qu’aux dangers que représentent les pratiques à risque d'écoute de la musique. Les sons font partie intégrante de notre environnement et constituent un élément essentiel pour communiquer, apprendre et se divertir. L'excès de son, en revanche, pose des défis pour notre santé auditive. Dans le monde, plus d'un milliard de jeunes sont exposés au risque de perte auditive en raison de leurs pratiques d’écoute de la musique à des volumes élevés et sur une période prolongée. La perte auditive causée par l'exposition au son est irréversible, elle est également totalement évitable grâce à l'adoption de pratiques d'écoute simples et sûres. Pour faciliter l’action en faveur de cette cause, l’OMS a lancé en 2015 l’initiative « Make listening safe », dans le but de promouvoir un changement de comportement au sein du groupe cible. L’Unesco et son message sur le son, transmis au cours de La Semaine du son, s’inscrit parfaitement dans la vision de l’OMS.

AD : L'OMS, à travers l'Unesco, a choisi de s'associer, il y a 3 ans, à cet événement. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

SC : Dans le cadre de son travail en faveur de l'écoute sans risque (Make listening safe), l'OMS travaille avec toutes les parties pre nantes, y compris d'autres agences des Nations unies telles que l'Unesco et l'Union internationales de télécommunication (agence des Nations unies pour le développement spécialisé dans les technologies de l'information et de la communication, NDLR). Des efforts coordonnés menés avec une vision unique ont le potentiel de créer un impact plus important sur la société. C’est un élément clé des efforts de l’OMS pour prévenir l’augmentation prévue de la prévalence de la perte auditive dans le monde.

AD : Vous êtes une fidèle participante de La Semaine du son. Quelle est votre opinion sur cet événement ?

SC : C’est un événement unique et important car il met en lumière l’importance du son dans nos vies et notre culture. Il met l'accent sur la qualité du son que nous entendons afin de nous offrir la meilleure expérience d'écoute, tout en protégeant notre audition et notre santé.

AD : La charte de La Semaine du son a fait l'objet d'une résolution, adoptée par l'Unesco en 2017, quelques mois après l'adoption d'une résolution par l'OMS sur la santé auditive. Quelles sont les liens entre ces deux initiatives ?

SC : Les deux résolutions sont complémentaires, mais assez différentes, basées sur les mandats distincts des deux organes des Nations unies. La résolution de l'OMS sur la santé auditive est un document de santé publique qui invite l'OMS et les États membres à oeuvrer pour le bénéfice de tous ceux qui sont exposés à un risque de perte auditive, quelles qu’en soient les causes, ou qui vivent avec des problèmes auditifs. L’initiative « Make listening safe » et la prévention de la perte auditive induite par une écoute à risque font partie de cette résolution.

Celle de l'Unesco, également adoptée en 2017, reconnaît l'importance du son et sa pertinence pour notre environnement, notre culture et notre santé. La santé n'est qu'un aspect, bien que très important, de cette résolution. Par conséquent, les deux textes sont très différents, mais complémentaires.

AD : Quelles sont les principales actions que l’OMS a développées en faveur de la santé auditive depuis votre arrivée il y a dix ans ?

SC : Au cours des neuf dernières années, l'OMS a vu l'adoption d'une nouvelle résolution sur la santé auditive. L’organisation a établi et promu la Journée mondiale de l'audition en tant qu'événement annuel de plaidoyer, afin d'attirer l'attention des décideurs et des membres de la communauté sur la santé auditive. L'initiative « Make listening safe » a été créée et conduit le changement vers un monde avec des pratiques d'écoute plus sûres. Ces dernières années, l'OMS a créé le Forum mondial de l'audition, afin de promouvoir la collaboration multipartite pour déployer la santé auditive dans le monde. Un certain nombre d'outils techniques ont été développés tels que hearWHO, une application gratuite et validée de test auditif accessible à tous. Plus de 250 000 personnes l’ont téléchargée. Pendant ces années, des États membres ont bénéficié de l'appui technique fourni par l'OMS pour la promotion de la santé auditive et de l'audition. Et à l’occasion de la Journée mondiale de l’audition 2021, l'OMS a publié le Rapport mondial sur l'audition (lire notre article L’OMS publie le premier rapport mondial sur l’audition), qui fournit un cadre d'action destiné aux États membres pour réaliser les objectifs de Hearing care for all.

AD : En effet, la thématique de la Journée mondiale de l’audition 2021 porte sur l'accès aux soins pour tous (Hearing care for all). Quels sont les objectifs de l'OMS ?

SC : L'OMS a établi trois indicateurs traceurs pour suivre la croissance des soins auditifs dans le monde. Ceux-ci sont détaillés dans le prochain rapport mondial sur l'audition. Il s’agit de la couverture du dépistage néonatal de la surdité – nous visons une augmentation de 20 % d’ici 2030 –, du taux de personnes malentendantes appareillées (aides auditives ou implants) – là aussi, nous visons une hausse de 20 % – et enfin, la prévalence des maladies chroniques de l’oreille et des surdités non prises en charge chez les enfants de 5 à 9 ans. Pour ce dernier point, l’OMS ambitionne une baisse de 20 % d’ici 2030.

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