Des challengers bien décidés à se faire une place

Symptôme d’un secteur boosté par la réforme du 100 % Santé, l’audioprothèse accueille de nouveaux acteurs, bien décidés à se tailler une part du gâteau. Certains avec des positionnements différenciants, d’autres sur des modèles moins consensuels. L’arrivée de ces acteurs se traduit par une augmentation des recruteurs, exacerbant les difficultés des enseignes comme des indépendants à trouver des collaborateurs.

Par Ludivine Aubin-Karpinski & Bruno Scala
(c)Nuthawut AdobeStock

Les centres d’audition poussent aujourd’hui comme des champignons. La bonne santé chronique du monde de l’audioprothèse en a toujours fait un marché porteur. Et, le contexte de vieillissement de la population, les liens de plus en plus médiatisés entre perte d’audition et déclin cognitif et, surtout, la mise en place du 100 % Santé attirent de nouveaux acteurs. Magasins d’optique en recherche de relais de croissance, investisseurs opportunistes du RAC0 mais aussi nouvelles enseignes fleurissent à chaque coin de rue. En moyenne, un centre s'est ouvert chaque semaine en région parisienne (Paris et petite couronne) en 2021... « C’est assez classique, commente Maher Kassab, p.-d.g. et fondateur de Gallileo Business Consulting. Quand un marché s’ouvre, comme celui de l’audioprothèse avec le 100 % Santé, tout le monde se dit qu’il va y avoir des opportunités. »

Tous azimuts

Dans ce marché en ébullition, certaines entités émergent. L’ambition n’attend point le nombre des années... Audio Pour Tous, Total'Audition ou encore We Audition sont de toutes jeunes enseignes mais affichent déjà un développement rapide. Avec parfois des positionnements et partis pris stratégiques bien marqués, comme le choix d’Audio Pour Tous ou de We Audition de s'implanter uniquement dans des centres commerciaux.

D’autres acteurs émergent également et s’orientent vers le « créneau » de l’exercice à domicile voire affrètent des flottes de camions pour sillonner les routes ou proposer leurs services dans des Ehpad. Ce modèle interroge d’un point de vue juridique car, même si ces dispositions sont aujourd’hui discutées face au problème de santé publique qu’est la prise en charge des personnes en perte d’autonomie, la loi est claire : le code de la santé publique interdit à l’article L. 4361-6 l’exercice de l’audioprothèse en dehors d'un local réservé à cet effet et aménagé selon des conditions fixées par décret.

Le nerf de la guerre

Enfin, l’explosion du nombre d'acteurs crée un important appel d’air et aggrave les tensions que connaît le secteur en matière de recrutement. Le marché était déjà contraint avant leur arrivée et le nombre des audioprothésistes n’a guère explosé. Or, ces enseignes, qui ne peuvent encore s'appuyer sur des marques employeur, ont besoin d’attirer à elles des collaborateurs pour soutenir leur développement. « Il est à mon sens un peu tard pour rentrer sur un marché maintenant, estime néanmoins Maher Kassab. Les acteurs traditionnels sont, selon moi, les mieux placés pour profiter du développement du marché et recruter des partenaires ou des salariés. »

Comment ces nouveaux acteurs parviennent-ils alors à tirer leur épingle du jeu sur un secteur déjà bien en main ? Avec quels arguments ? Présentation de trois de ces « nouvelles » enseignes.

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