Comment garantir une bonne prise en charge des presbyacousiques et répondre à l’afflux de patients, tout en évitant une perte de chance pour les cas plus complexes ? C’est à cette problématique que les différentes instances d’ORL ont souhaité répondre. Un chapitre y est consacré dans les recommandations de la SFORL [1]. Les cartes ont en effet été rebattues par la publication de l’arrêté du 14 novembre 2018. En même temps que l’ambition d’un appareillage plus accessible et plus précoce, il introduit de nouvelles indications d’appareillage et des exigences techniques plus élevées pour le bilan audiologique. Tout en maintenant l’autorisation de primo-prescrire pour les médecins généralistes (MG), qui ne bénéficient pas du même bagage technique que leurs confrères ORL. L’idée est donc de sensibiliser les MG, de leur fournir des recommandations et de les guider dans la prise en charge des patients malentendants, afin qu’ils adressent les cas complexes aux ORL et ne s’occupent que des presbyacousies simples. Cette volonté d’aiguillage repose sur des données australiennes et anglaises qui montrent que dans 20 % des cas environ, les prescriptions d’appareillage effectuées par les médecins généralistes ne sont pas justifiées.
Go / no go
Pour garantir la pertinence des prescriptions, les ORL ont choisi d’établir un protocole « go / no go », qui répond aux exigences de « qualité, sécurité et coordination des soins » de la HAS. Ce type de protocole est déjà mis en place dans d’autres pays, comme en Angleterre. La situation « go » correspond à un cas simple pour lequel le MG peut prescrire un appareillage : hypoacousie bilatérale, progressive et symétrique, avec difficulté de compréhension dans le bruit, chez un patient de plus de 60 ans, sans trouble de l’équilibre ou vertige, présentant une otoscopie normale.
À l’inverse, la situation « no go » est celle pour laquelle le médecin généraliste va orienter le patient vers un ORL. Il s’agit de toute anomalie qui pourrait laisser penser que le patient ne souffre pas (uniquement) d’une presbyacousie et qu’il est donc « cas complexe » : évolution ou apparition brutale de la surdité, anomalies de l’oreille moyenne ou externe, suspicion de troubles cognitifs, signes audiovestibulaires ou limite d’appareillage chez les patients déjà appareillés.
Dans son rapport, la SFORL publie un arbre décisionnel permettant à chaque praticien de prendre les bonnes décisions. À diffuser le plus largement possible dans tous les cabinets de MG !