Le difficile accès à la prescription met « l’audiologie en péril », selon le SDA

Face à des délais d'obtention d'un rendez-vous chez un ORL qui s'allongent, le SDA estime que la fin de la dérogation permettant aux médecins de primo-prescrire des aides auditives n'ayant pas de formation en otologie médicale est un obstacle au bon déploiement et au succès du 100 % Santé, en même temps qu'un risque de perte de chance pour les patients présentant d'autres pathologies ORL.

Par Bruno Scala

« Il semble important de considérer la prolongation de la dérogation de la primo-prescription des aides auditives par les médecins généralistes ». C’est la demande que le SDA formule, avec quelques pincettes, dans un communiqué du 9 mars. Le syndicat a publié les résultats d’un sondage réalisé auprès de quelque 600 adhérents et sympathisants sur l’accès de leurs patients à la prescription par un ORL. Globalement, par rapport à 2018 où le même sondage avait été réalisé, tous les délais ont été allongés, que ce soit pour les petites villes ou les grandes agglomérations, ou que l’ORL se trouve à proximité ou pas.

ticket prescriteur

Par exemple, seuls 8 % des patients interrogés indiquent parvenir à obtenir un rendez-vous chez l’ORL sous 4 semaines, contre près de 50 % en 2018. Pour 2022, plus de 10 % des sondés doivent attendre six mois ou plus pour obtenir un rendez-vous.

graphe SDA 1
Délais d'obtention d'un rendez-vous chez l'ORL en fonction de la taille de l'agglomération du centre auditif (2018 et 2022)
Dans le détail, il semble plus difficile d’obtenir un rendez-vous sous deux mois dans les petites villes (moins de 5 000 habitants). De même, plus la distance est importante entre le centre auditif et l’ORL, plus les délais s’allongent. Lorsque cette distance est supérieure à 20 km, le délai de rendez-vous est d’au moins un mois pour plus de 90 % des sondés.

graphe SDA 2
Délais d'obtention d'un rendez-vous chez l'ORL en fonction de la distance entre l'ORL et le centre auditif (2018 et 2022)
Ces chiffres ne sont pas réellement surprenants. Avec la réforme du 100 % Santé, de nombreuses personnes se sont rendues dans les centres d’audition pour se faire appareiller. Le marché de l’aide auditive a explosé entre 2020 et 2021, avec une progression supérieure à 80 %, et s’est maintenu à ce niveau en 2022. Dans le même temps, le nombre de prescripteurs a baissé. Les médecins généralistes ne sont plus autorisés à primo-prescrire depuis octobre 2022, à moins d’avoir suivi une formation en otologie médicale, qui peine à se mettre en place et qui ne semble de toute façon pas intéresser les foules. Or, ils réalisaient environ un tiers des primo-prescriptions selon les chiffres de la Cnam, entre 2019 et 2021. D’ailleurs, lors du dernier trimestre 2022 (donc depuis que les MG ne peuvent plus primo-prescrire), on note un léger fléchissement des ventes d’aides auditives, selon les chiffres du Snitem et de l’Assurance maladie.

Les inspecteurs de l’Igas et l’IGESR avaient bien compris cette situation et avaient proposé que les MG, par dérogation, soient autorisés à primo-prescrire jusqu’à ce qu’un nombre suffisant d’entre eux aient été formés en otologie médicale, mais cette recommandation n’avait pas été suivie par le gouvernement. Pour le SDA, les délais révélés par ce sondage sont trop longs. Il faut que « les patients puissent retrouver des délais d’accès raisonnables ». Certes, l’appareillage ne constitue par une urgence médicale, mais les ORL ne voient pas que des patients malentendants et, surtout, une perte d’audition peut cacher une pathologie bien plus grave. Réduire les délais permettrait donc d’éviter « les pertes de chance pour les patients présentant d’autres pathologies ORL », conclut le SDA.

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