« En Afrique du Sud, l'accès aux soins auditifs est difficile en raison notamment du manque d'audiologistes. »

L’Afrique du Sud, bien que mieux lotie que d’autres pays du continent africain, fait face à de nombreux défis : une population malentendante croissante et un accès aux soins difficile. Le système de santé peine à répondre aux besoins notamment par manque de professionnels de l’audition et de politique de financement des soins et des équipements. La télémédecine appliquée à l’audiologie est un des leviers pour changer la donne.

Par De Wet Swanepoel
Afsud

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Dépistage néonatal de la surdité

Il existe des programmes de dépistage systématique de la perte auditive néonatale en Afrique du Sud. Dans le secteur privé, ces programmes ont été lancés dans des hôpitaux tels que Netcare et un projet national de dépistage a vu le jour en 2019. Dans le secteur public, bien que certaines infrastructures aient démarré des dépistages dans le cadre de projets pilotes de l'Assurance Maladie Nationale (NHI), ces initiatives ne sont pas encore systématiques. Environ 85 % des services de santé sont fournis par le secteur public, contre 15 % dans le privé. On considère que moins de 10 % des nouveau-nés sont dépistés en Afrique du Sud.

Dépistage de la presbyacousie

Il n'existe pas de programme formel de détection précoce de la presbyacousie en Afrique du Sud. Généralement, cette pathologie est détectée lors de bilans audiométriques de routine et de dépistages réalisés par des audiologistes, tant dans le secteur public que privé. Ce dépistage peut également être réalisé par des infirmières sous la responsabilité d’un audiologiste, par des ORL voire des médecins généralistes. Étant donné l'organisation des soins dans notre pays, la majorité des dépistages sont réalisés par le secteur public, mais le secteur privé propose également des services pour les personnes assurées ou capables de payer de leur poche. Il n’existe pas de campagne de sensibilisation d’envergure en faveur d’un dépistage précoce de la presbyacousie.

chiffres Afsud

Parcours de soins et acteurs impliqués

En Afrique du Sud, le parcours de soins en audiologie fait intervenir plusieurs acteurs clés. Les audiologistes réalisent les tests audiométriques, posent les diagnostics et assurent la réhabilitation auditive, y compris l'adaptation des aides auditives. Les ORL sont responsables de la prise en charge médicale et chirurgicale des affections de l’oreille, y compris des implantations cochléaires. Ces spécialistes collaborent avec les audiologistes pour l'adaptation et l'entretien des aides auditives et des implants cochléaires. C’est une organisation similaire à celle des États-Unis ou de l’Australie.

Prise en charge

Dans le secteur public, les aides auditives (ainsi que leur adaptation et leur suivi) sont fournies gratuitement, à l'exception de frais administratifs minimes. Toutefois, les patients ne reçoivent qu’une aide auditive pour des questions de couts. Par ailleurs, les délais d'attente sont souvent très longs – de 4 mois à 3 ans, selon les hôpitaux et selon les provinces et les régions – et l'accès aux soins reste difficile du fait de problématiques de transport, de distances mais également du nombre limité d’audiologistes dans le secteur public. En conséquence, le taux de pénétration des aides auditives est de 6 à 10 %. Les implants cochléaires ne sont pas couverts par le système de santé public. Dans le secteur privé, le remboursement des aides auditives et implants cochléaires varie selon les assurances, mais la plupart des patients doivent encore s’acquitter de restes à charge importants, notamment pour être équipés en binaural ou bénéficier de dispositifs de gamme supérieure. Une prescription médicale n’est pas nécessaire pour obtenir des aides auditives.

Près de 3 000 patients sont implantés chaque année en Afrique du Sud. D’ailleurs, notre miss Afrique du Sud 2024 est implantée cochléaire.

Offre de soins

L’offre de soins en audiologie en Afrique du Sud est actuellement insuffisante. Le pays compte seulement 947 audiologistes inscrits, ce qui n'est pas assez pour répondre à la demande. Il y a également un manque de spécialistes ORL et de cliniques pour réaliser des interventions comme les implantations cochléaires.

L’accès aux services est nettement meilleur dans les zones urbaines, alors que les régions rurales sont sous-desservies. La majorité des audiologistes exercent dans le privé, ce qui limite l’offre de soins dans le secteur public.

L'accès à l'enseignement supérieur est limité en raison d'obstacles socio-économiques et la capacité des formations est actuellement pleine. Davantage de programmes de formation seraient nécessaires.

Téléaudiologie

La télémédecine en audiologie est autorisée en Afrique du Sud. Bien qu’elle ne soit pas encore très répandue, son usage se développe progressivement, notamment pour le dépistage et le diagnostic via des solutions de santé mobile (mHealth), ainsi que pour le suivi et la réhabilitation, où l’adaptation des aides auditives à distance est rendue possible par des applications sur smartphone et d'autres outils de télémédecine. Ces services sont utilisés tant dans le secteur public que privé, mais leur adoption dans le secteur privé est probablement plus avancée en raison de ressources plus importantes.

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