13 Juin 2025

Les chiffres Eurotrak 2025 alimentent le satisfecit du secteur

Lors d’un évènement organisé par le Snitem le 5 juin 2025, les chiffres de l’étude EuroTrak 2025 ont été dévoilés. Pratiquement tous les indicateurs ont été améliorés par rapport à l’édition de 2022, ce que n’ont pas manqué de relever les industriels du secteur. 

Par Bruno Scala
(c)Hurca AdobeStock

Satisfaction en hausse, amélioration de la qualité de vie, taux d’appareillage le plus élevé d’Europe voire du monde... N’en jetez plus ! Fabrice Vigneron (DG de Starkey France) et Xavier Temmos (DG de GN Hearing France), respectivement président et vice-président de la branche audiologie du Snitem, ont dévoilé les chiffres de l’étude EuroTrak 2025, le 5 juin à Paris. Et ils sont bons. 

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EuroTrak est une vaste série de sondages réalisée tous les trois ans dans différents pays d’Europe membres de l’association européenne des fabricants d’appareils auditifs (Ehima). En France, la dernière édition remontait à 2022 et n’avait pas vraiment pu prendre le pouls de la réforme du 100 % Santé (le sondage avait été réalisé courant 2021, quelques mois seulement après le début de la réforme). Le millésime 2025 était attendu avec impatience et peut-être appréhension. Mais, lors de la révélation de l’étude, l’heure était au satisfecit. Voici quelques-uns de ses principaux chiffres. 

55 % 

C’est « une des grosses nouvelles » de cette étude EuroTrak, comme l’a annoncé Xavier Temmos en préambule. Le taux d’adoption, c’est-à-dire la part, au sein des personnes qui se déclarent malentendantes, de patients appareillés, est de 55 %. « C’est un record européen ; on rejoint le Danemark », s’est réjoui le DG de GN Hearing France. Il est de 47 % en Allemagne (2025), 41 % en Belgique (2025), 23 % au Portugal (2024), 28 % en Pologne (2024), 39 % en Espagne (2023), 46 % en Suisse (2022), 52,8 % au Royaume-Uni (2022), 35,2 % en Italie (2022) et 55,4 % au Danemark. La France est donc juste derrière, sachant que le Danemark pourrait creuser l’écart lors de la prochaine édition de son EuroTrak qui devrait être publiée prochainement, car la tendance de ce taux est à la hausse dans tous les pays. 

On pouvait bien évidemment s’attendre à cette croissance, dans la mesure où cette étude intervient 4 ans après la mise en place du 100 % Santé, qui a vu les chiffres de vente d’aides auditives exploser. Mais cette croissance est tout de même de taille : 10 points de plus qu’en 2022. 

eurotrak comparatif

82 % 

Si le taux d’adoption est si haut, c’est que les abandons sur la route de l’appareillage sont moins nombreux. En particulier, 82 % des personnes interrogées qui se sont rendues chez le médecin (ORL ou MG) pour leur audition en sont sorties avec une recommandation d’appareillage – soit une prescription. En 2022, ce taux était de 21 %, preuve que les médecins ont plus tendance à orienter vers l’appareillage. Des résultats cohérents avec la dernière étude de Gallileo Business consulting (juin 2025) : 77 % des ORL parlent d’appareillage à leurs patients dès les premiers signes de perte auditive, et 71 % considèrent l’appareillage comme une solution efficace. 

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Les médecins se montrent d’ailleurs plus convaincants, toujours selon EuroTrak, car après avoir obtenu une prescription, seulement 18 % des patients abandonnent leur démarche, contre 29 % en 2022. Cela montre aussi que les patients sont plus décidés à s’appareiller, sans doute en raison du moindre reste à charge. 

83 % 

C’est le taux de patients appareillés qui sont très (24 %), plutôt (15 %) ou simplement satisfaits (45 %) de leurs aides auditives. Il est en hausse d’un point par rapport à l'édition 2022 et, plus qu’une bonne nouvelle, c’est un soulagement. Avec ce que le secteur a connu de fraudes, attirant un certain nombre de professionnels malveillants ayant un tropisme plus prononcé pour le business que pour le soin, voire de l’escroquerie en bandes organisées, on pouvait craindre une chute du taux de satisfaction, notamment en provenance de patients dont le suivi aurait été négligé. Il n’en est rien.

C’est l’une des premières données permettant de juger la réussite qualitative de la réforme. Elle doit toutefois être prise avec des pincettes, en particulier parce que c’est l’association européenne des fabricants qui a commandé cette étude. Les tant attendus questionnaires patients, pourtant prévus par la réforme mais toujours absents du dispositif, permettraient de statuer définitivement sur cette question. 

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Dans le détail, on note aussi une corrélation positive entre la satisfaction et la durée quotidienne de port. Ainsi, les personnes qui portent leurs aides auditives au moins 8 heures par jour ont un taux de satisfaction de 92 %. Pour ceux qui les portent 4 heures par jour, ce taux plafonne à 60 %. Toutefois, on ne sait pas s’ils sont moins satisfaits parce qu’ils portent peu leurs appareils, ou s’ils les portent peu parce qu’ils n’en sont pas satisfaits... 

Notons aussi que les patients qui sont équipés de classe II affichent un taux de satisfaction supérieur : 88 %, contre 82 % avec les appareils du panier 100 % Santé. 

Ce taux de satisfaction de 83 % est l’un des plus élevé d’Europe. « Et comme ce sont les mêmes aides auditives dans tous les pays, note Brice Jantzem, président du SDA, c’est sans doute l’audioprothésiste qui fait la différence. » Les chiffres d’EuroTrak ne disent pas le contraire : 87% des personnes appareillées sont satisfaites du professionnalisme de leur audioprothésiste, de la qualité de ses conseils, de la qualité du service après-vente, et 86 % de la qualité de service pendant la période de suivi. 

eurotrak FR satisfaction

97 % 

C’est le taux de personnes appareillées qui déclarent que les appareils auditifs améliorent leur qualité de vie rarement (8 %), occasionnellement (27 %) ou régulièrement (61 %). « Ça veut dire que globalement les gens dans cette pièce ont fait le travail, a commenté Xavier Temmos. Bien sûr, il reste des choses à améliorer mais la satisfaction des patients en France est colossale ; c’est une des meilleures d’Europe. » C’est un chiffre extrêmement haut, d’autant que 4 % déclarent laisser leurs aides auditives dans le tiroir (voir ci-après)... Ce qui signifie que tous ceux qui portent les appareils en tire un bénéfice en termes de qualité de vie. 

En outre, une majorité de ces personnes ont noté une amélioration de leur capacité de communication dans la plupart des situations (77 %), de leur vie sociale (70 %), de leurs relations chez elles (65 %), de leur capacité à participer à des activités en groupe (64 %), etc. 

9,7 % 

C’est la prévalence auto-déclarée de la perte auditive en France, selon l’enquête EuroTrak 2025. Ce chiffre est identique à celui de 2022, ce qui parait logique. Il est également du même ordre de grandeur que lors des éditions 2018 et 2015. 

Il est très probablement sous-estimé par rapport à la réalité, des études ayant montré qu’il était assez difficile de reconnaitre un handicap. 

D’ailleurs, il est très inférieur à la prévalence évaluée par des équipes de l’Inserm en 2022. Ces scientifiques ont estimé que 25 % de la population française présentait une perte auditive avec des seuils supérieurs à 25 dB en moyenne. 

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74 % 

C’est le taux de personnes appareillées qui le sont en bilatéral. Bien qu’il se situe dans la moyenne des autres pays européens, c’est un taux plutôt surprenant, dans la mesure où les données de la Cnam offrent une perspective bien différente : en 2024, 89,7 % des patients ont été appareillés bilatéralement. En 2019, ce taux était de 79,5 %. Bien sûr, EuroTrak donne le taux de bilatéralité sur l’ensemble des répondants, quelle que soit l’année de leur appareillage, tandis que les chiffres de Cnam fournissent ce taux pour une année donnée. Mais dans la mesure où 94 % des patients interrogés dans l’étude EuroTrak ont acquis leurs aides auditives après 2019, année où le taux était proche de 80 % et n’a cessé d’augmenter ensuite, les deux sources ne sont pas concordantes. Or ce chiffre est important car, comme le précisait l’Igas dans son rapport sur la filière auditive de 2022, c’est un indicateur de fraude (dans le cadre d’une escroquerie, l’appareillage est toujours bilatéral). 

5 ans 

C’est probablement le seul chiffre qui déplait au secteur dans cette étude EuroTrak. Il s’agit de la durée, en moyenne, pendant laquelle les utilisateurs ont conservé leurs précédentes aides auditives. À l’heure où la Sécurité sociale, largement aidée sur ce point par les complémentaires, se demande s’il ne faudrait pas allonger le délai de renouvellement à 5 ans, comme c’est le cas dans d’autres pays d’Europe, cette donnée tombe comme un couperet...

8,8 heures 

C’est la durée moyenne de port quotidien. Elle était de 8,4 heures en 2022, soit une augmentation de 24 minutes par jour. Elle se situe dans la moyenne européenne. 

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4 % 

Corollaire de la haute satisfaction observée chez les personnes appareillées, le taux d’aides auditives qui restent « dans le tiroir » est bas : seulement 4 %. C’est le « signe » d’un usage accru, selon les membres du Snitem. En effet, ce taux a baissé d’un point par rapport à l’édition 2022. Là aussi, c’est une bonne nouvelle, car on aurait pu présager que la réforme du 100 % Santé, introduisant sur le marché des aides auditives ne coutant rien à ceux qui en font l’acquisition, entrainerait des appareillages pas forcément justifiés – et donc des aides auditifs finissant dans le tiroir. C’est l’inverse qui est observé, preuve que les professionnels de santé effectuent bien leur travail. 

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