23 Juin 2023

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Christine Petit. Une carrière dédiée à la génétique

Cinquième femme – et deuxième scientifique – élue Professeure au Collège de France en cinq siècles, Christine Petit se démarque par l’originalité de ses travaux scientifiques et sa détermination. Elle est aujourd'hui mondialement reconnue pour la découverte de gènes responsables de surdités génétiques.

Par Mia Rozenbaum

La carrière de Christine Petit force le respect. Grâce à son approche pionnière, la scientifique a marqué et marque toujours le monde de la surdité génétique. Elle se distingue très tôt par ses choix scientifiques. Elle s’arme d’un diplôme médical qu’elle complète d’une maîtrise de sciences et d’un doctorat en biochimie et génétique, rare combinaison qui fait d’elle une émulsion de progrès et d’innovations.

Découvertes après découvertes, notamment dans le domaine de la génétique appliquée aux phénomènes fondamentaux du vivant, Christine Petit ne se laisse pas dérouter par une scène scientifique encore majoritairement masculine. « Je voulais faire de la recherche et aussi fonder une famille, raconte-t-elle. Je ne comprenais pas pourquoi, pour certains chefs de laboratoire, il y avait là une incompatibilité. J’ai gardé en mémoire quelques remarques fort désagréables mais qui ne m’avaient pas vraiment prise de court. » Néanmoins, elle fait ses débuts au milieu des années 1970, à une époque où « bon nombre d’hommes scientifiques manifestaient une véritable ouverture d’esprit ».

L’analyse génétique des surdités héréditaires

En 1991, son équipe est la première en France à identifier un gène à l’origine d’une maladie héréditaire humaine, le syndrome de Kallmann, qui comporte une atteinte de l’olfaction. Son attrait pour la neuroscience sensorielle la pousse à s’intéresser à l’audition. À cette époque, « on ignorait tout des mécanismes moléculaires qui sous-tendent son développement et son fonctionnement », rapporte-t-elle. « Un vide abyssal dans la connaissance de la biologie de l’audition », selon ses termes, dans lequel elle s’engouffre. Le petit nombre des cellules que la cochlée comporte ne permettait pas d’accéder à ces données moléculaires par les approches classiques en biochimie et biologie. Un obstacle qui n’arrête pas la génétique.

En développant un « réseau de recherche sur les déficits sensoriels du bassin méditerranéen », Christine Petit découvre les premiers gènes responsables de surdités héréditaires chez l’homme. Elle en identifie rapidement un grand nombre. Ce sont autant de points d’entrée qui lui ont permis, par des recherches menées en étroite collaboration avec le Pr Paul Avan, d’acquérir une compréhension à l’échelle moléculaire du développement et du fonctionnement de l'organe auditif comme de ses dysfonctionnements. La voie vers une nouvelle étape tant attendue, le développement de thérapies géniques des surdités héréditaires, était ainsi ouverte. La chercheuse s’y emploie avec ses collègues, depuis 5 ans. Ces travaux sont maintes fois récompensés par des prix en France et à l’international et, en 2001, la généticienne se voit octroyer, en tout légitimité, la chaire de Génétique et physiologie cellulaire au Collège de France.

Un métier ouvert aux femmes

Christine Petit considère que « la recherche scientifique est un métier beaucoup plus ouvert aux femmes que beaucoup d’autres ». « Les avancées scientifiques sont reconnues par la communauté internationale sur des critères objectifs ; les autres considérations n’ont guère leur place, explique-t-elle. Il n’en demeure pas moins qu’il faut rester vigilant ; beaucoup se joue dans les premières années de recherche, à un moment où la répartition des tâches domestiques entre hommes et femmes n’est pas encore totalement équitable. »

Aujourd'hui, au sein de l’Institut de l’audition qu’elle a contribué à fonder et dirigé, Christine Petit construit le futur de la médecine audiologique, pour la faire passer de l’ère compensatrice à l’ère réparatrice. Elle déverse son énergie dans ce volet thérapeutique avec l'ensemble des connaissances qu’elle a accumulées tout en veillant à l’évolution de la place des femmes dans l’espace scientifique.

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