07 Octobre 2024

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«L'analyse principale de l'étude ACHIEVE montre qu’il n’y a pas d’amélioration de la cognition à la suite de l’appareillage »

Trois questions à Piers Dawes, chercheur à l’université de Manchester (Angleterre) et à l’université du Queensland (Australie), sur les liens entre audition et cognition

Propos recueillis par Bruno Scala
(c)Anak AdobeStock

Lors de votre présentation, vous avez remis en question la nature des liens entre audition et cognition. Que peut-on dire aujourd’hui ?

Il existe des preuves de qualité indiquant que la perte auditive est un marqueur fiable en termes de moindre performance cognitive et de risque accru de démence. Mais nous ignorons s’il s’agit d’une relation causale ou pas. Il pourrait en effet y avoir d'autres raisons, comme une association due à des causes communes entre les deux pathologies.

Mais alors, que penser de l’essai clinique ACHIEVE mené par l’équipe de Frank Lin ?

Lorsqu’ils ont communiqué sur cet essai clinique, les médias notamment ne se sont pas focalisés sur le résultat principal, mais sur l’analyse secondaire. Même Nick (Nicholas Reed, qui a participé à l’essai clinique, et qui est intervenu lors de la session, NDLR) jugeait que ça n’était pas une bonne façon de présenter les résultats. Car l’analyse principale montre qu’il n’y a pas d’amélioration de la cognition à la suite de l’appareillage. Et il y a des raisons d’être un peu sceptique concernant cette analyse secondaire : elle est faite sur la base d’un échantillon bien plus petit, et l’étude n’a pas été conçue pour analyser cette comparaison. Et normalement, dans ce genre d’analyse, il faut mettre en place des contrôles pour éviter les associations faussement positives, ce qui n’a pas été fait ici. Donc il est tout à fait possible que ce résultat soit erroné.

Quel est le discours approprié que devraient tenir les professionnels de santé à leurs patients ?

ACHIEVE fournit des preuves vraiment convaincantes du bénéfice des aides auditives : amélioration de la communication, des relations sociales et de la qualité de vie. On voit des effets importants, exceptionnels. Et je pense que c’est là le meilleur bénéfi ce des aides auditives. Certains acteurs, comme les fabricants, utilisent l’argument de relation de causalité en espérant motiver les gens à s’appareiller. Mais je crois que c’est risqué. On l’a vu avec d’autres messages de santé publique de ce type, qui reposent sur une stratégie de peur. Or il a été démontré que cela n’est pas efficace et peut au contraire avoir l’effet inverse : les gens trouvent le message effrayant et se désengagent. Donc je pense qu’il vaut mieux se focaliser sur des messages positifs. D’autant qu’on ne sait pas si les messages basés sur la peur sont justes !

Piers Dawes2
Audiologie Demain
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