L’Afrique du Sud est un pays pionnier en matière de téléaudiologie...
Les besoins en termes d’accès aux soins sont si importants en Afrique, que nous avons l’opportunité et la liberté d’expérimenter de nouvelles façons de les délivrer. Aussi, notre département, à l’université de Pretoria, est un partenaire officiel de l’OMS, qui nous apporte un soutien important pour implémenter de nouveaux services. Tout cela contribue à ce que nous avancions dans le domaine de la téléaudiologie.
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Que nous a permis la téléaudiologie jusqu’à présent ?
Au départ la téléaudiologie était très structurée : soit synchrone, soit asynchrone. Je pense que c’est devenu plus diversifié mais aussi plus répandu. Et nous voyons l’arrivée de tout un tas de services reposant sur l’e-santé, comme les AirPods Pro 2 d’Apple. C’est excitant car cela ouvre la voie à de nouveaux parcours de soins. Avec ou sans professionnels de santé impliqués. Mais il reste encore beaucoup de chemin à faire afin d’atteindre les patients où ils se trouvent. Il faut réussir à faire sauter les blocages réglementaires, mais de façon que les pratiques soient légales, bien sûr, et aussi éthiques.
Est-ce que la téléaudiologie répond à la pénurie de professionnels de l’audition ?
Dans le modèle que j’ai présenté – il en existe plein d’autres – la personne qui offre le soin primaire est un agent de santé communautaire formé. Il n’est pas clinicien, ne fait pas de diagnostic, mais grâce à la technologie automatisée, il peut recueillir des audiogrammes, faire des vidéo-otoscopies... que les audiologistes peuvent ensuite analyser. On gagne ainsi du temps et on peut traiter plus de patients, en décentralisant l’offre de soins, des cliniques jusque chez ces derniers. Cela révolutionne l’accès aux soins. Mais chaque système est différent et il faut donc s’adapter. Ce qui marche pour nous en Afrique du Sud ne fonctionnera pas pour la France. Il existe des blocs de construction communs, mais la façon dont on les articule est propre à chaque pays.
Quel devrait être le comportement des audiologistes/ audioprothésistes face aux technologies de l’e-santé ?
Je suis un audiologiste donc je soutiens totalement la pratique de ce métier. Les audiologistes ont un rôle important à jouer. L'arrivée des OTC comme les AirPods d’Apple va contribuer à sensibiliser les gens, bien plus que ce que nous pourrions faire. Et nombreux sont ceux qui iront un jour consulter. Les audiologistes doivent adopter ces technologies au lieu de leur résister. On ne peut pas arrêter Apple de faire ce qu’il fait. Mais il faut que l’on soit meilleurs à ce que l’on fait : se connecter aux patients en tant qu’humains et non comme techniciens, adopter une pratique centrée sur le patient. Aucune intelligence artificielle ne remplacera cela. Nous devons retrouver ces compétences, que nous avons un peu perdues en chemin.
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