04 Juillet 2024

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Activité dans les centres : une France à plusieurs vitesses

Les données de la Cnam apportent des informations en termes de ventes d’aides auditives. Avec celles de l’Annuaire de l’audition et celles de la Drees, il est possible d’obtenir des informations sur l’activité des audioprothésistes et dans les centres. De quoi identifier les zones où s'installer.

Par Bruno Scala et Ludivine Aubin-Karpinski
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Des chiffres de ventes avec des situations différentes

En croisant les données de vente de la Cnam avec celles de l’Annuaire de l’audition, il est possible de calculer le nombre de vente d’aides auditives par centre et par département.

Sans surprise, c’est à Paris que sont vendues le plus d’aides auditives : 88 911 en 2023, selon les chiffres de la Cnam. Suivent les Bouches-du-Rhône, le Nord et le Rhône.

En revanche, ça n’est pas à Paris que l’on trouve les scores les plus hauts, mais dans les Ardennes ! En 2023, on y a vendu 326 aides auditives par centre. Paris est juste derrière, avec 311 aides auditives par centre. Dans l’ensemble, en France, il s’est vendu 198 aides auditives par centre. Les départements de la Corse et la Lozère ferment ce classement, avec le Morbihan, l’Ain et – plus surprenant – la Gironde.

Dans ce dernier département, la raison n’est pas un faible nombre de ventes, comme pour les autres départements en queue de classement (en Gironde, trois fois plus d’aides auditives ont été vendues que dans l’Ain), mais plutôt un nombre de centres très important par rapport aux ventes. À titre de comparaison, on compte à peu près le même nombre de centres dans le Nord, mais on y vend 73 % d’aides auditives en plus ! À l’inverse, il se vend autant d’aides auditives en Seine-Saint-Denis, mais dans deux fois moins de centres ! La Seine-Saint-Denis est par ailleurs connue pour son fort taux de fraudes. Peut-être le début d’une explication ? Autre indice : pour l’année 2023, la Seine-Saint-Denis possède un des taux de classe I les plus hauts de France (42,2 %).

L’offre de soin est hétérogène

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Comme mentionné ci-dessus, les Ardennes et Paris ont un taux d’activité du même ordre de grandeur : respectivement 326 et 311 aides auditives vendues par centre en 2023. Mais les situations de ces deux départements sont bien différentes.

À Paris, on observe des chiffres de vente et une densité de centres importants, mais avec un nombre d’audioprothésistes par centre qui est également élevé : en moyenne, plus d’un audio par point de vente. Cette situation s’explique par la densité de la population dans l’ensemble de la région, et aussi par l’existence de certaines grosses structures, dans lesquelles travaillent parfois plus de 3 ou 4 audioprothésistes. D’ailleurs, Paris est le seul département pour lequel on observe un nombre d’audio par centre supérieur à 1.

À l’inverse, dans les Ardennes, l‘importante activité par centre s’explique non pas par le nombre d’audio par centre qui, lui est plutôt faible – il est de 0,42 quand la moyenne nationale est à 0,55 – mais par un très faible nombre de points de vente : 24 centres dans le département, quand la moyenne nationale est à 76.

Le constat est le même dans le Loir-et-Cher, où on observe une activité des audios élevée, avec une moyenne de 0,27 audio par centre, la plus basse de France métropolitaine (soit un audio pour 4 centres environ – sachant que la convention signée avec la Cnam exige un maximum de trois centres par audio). Dans ce département, le nombre d’appareils vendus en 2023 par centre est ainsi proche de la moyenne nationale, avec 204 appareils.

Au final, si on regarde l’activité des audios, et non des centres, les audioprothésistes ardennais ont une charge de travail bien plus importantes : 784 aides auditives par audio dans les Ardennes (plus de deux par jour) – c’est la plus haute en France – tandis que les audios parisiens ont vendu, en 2023, 316 aides auditives chacun en moyenne.

Avec ces données, il est donc possible d’identifier les départements dans lesquels les audioprothésistes ont une importante charge de travail et où il y aurait sans doute de la place pour davantage de professionnels, et ceux où, au contraire, l’offre de soin est déjà satisfaisante. En clair : les audioprothésistes ardennais (département 08) auraient sans doute besoin de renfort.

Facteurs d’explications des ventes

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En toute logique, dans un marché où la demande est existante voire assez importante – on estime que le taux d’appareillage en France est d’environ 50 % – on peut considérer que l’offre guide les chiffres de vente. Mais quelle offre ? Celle des audioprothésistes, des ORL ou celle des centres ?

Les chiffres montrent que ces trois variables sont primordiales et fortement liées aux chiffres de vente, avec des coefficients de corrélation supérieurs à 0,9. Mais c’est l’offre en audioprothésistes qui est la plus corrélée à ces données. Dans ce cas, le coefficient de corrélation r atteint 0,96. Il est également solide si l’on considère l’offre d’ORL (0,94) et le nombre de centres (0,94). Ce qui est étonnant, c’est que le chiffre des ventes est plus en lien avec l’offre de soin qu’avec la demande. En effet, le coefficient de corrélation entre le nombre d’appareils vendus en 2023 et la population est de 0,91, et de 0,90 si l’on considère uniquement la population âgée de plus de 75 ans.

Aujourd’hui, c’est l’offre qui guide l’activité. Quand le taux d’appareillage atteindra des sommets, la tendance s’inversera certainement.

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