La prestation de soins auditifs dans un proche avenir sera modifiée, entre autres, par la télésanté, les technologies de type wearables, les applications d'autodiagnostic et d'auto-traitement, l'intelligence artificielle (IA) et le big data. Un autre domaine qui aura un rôle important est la génétique. Il n'est pas difficile d'imaginer qu'un jour le profilage génétique pourra déterminer le risque de développer diverses formes de perte auditive.
Dans le domaine de la technologie auditive, l'avenir est déjà là : l'intelligence artificielle et l'apprentissage automatique (machine learning) sont deux des avancées les plus pertinentes et les plus tangibles générant de nouveaux bénéfices pour les utilisateurs d'aides auditives.
Grâce à l'IA, une aide auditive peut se régler automatiquement sur la base de celle adaptée en controlatéral. Elle permet encore de classer les environnements sonores afin que la solution auditive puisse s'adapter automatiquement au réglage approprié selon l’environnement. L'apprentissage automatique va encore plus loin en apprenant – en fonction de la situation et de l'intention d’écoute du patient – quelles sont ses préférences dans un environnement spécifique. Ces développements technologiques mènent à des expériences utilisateur plus personnalisées et à une plus grande autonomie.
Un professionnel qualifié est la clé pour libérer le potentiel technologique des aides auditives de nouvelle génération.
Quelles conséquences cela a-t-il pour les professionnels de l’audition ? Quelle que soit la technologie considérée, elle ne peut offrir de résultat optimal que si elle est administrée individuellement et professionnellement. La clé pour libérer le potentiel technologique des aides auditives de nouvelle génération est et reste l'expertise de prestataires de soins médicaux et non médicaux hautement qualifiés – ORL et audioprothésistes.
La perte auditive est avant tout un symptôme. Il faut une expertise médicale pour diagnostiquer ses causes et décider du traitement adéquat. Dans le cas d’un appareillage, l’ORL et l’audioprothésiste sont et resteront essentiels pour fournir des soins auditifs, quelles que soient les avancées technologiques.
Cela se reflète dans la norme ISO 21388 récemment publiée, la première norme internationale pour l’adaptation des aides auditives (HAFM). Elle fournit un cadre général, y compris les étapes de pré et post-appareillage. Elle est conçue pour rendre la dé marche de l'appareillage plus explicite et transparente. Les éléments clés de la norme sont ses « principes centrés sur la personne », comme l’écoute active, l’implication de la famille et des interlocuteurs habituels, le dialogue réflexif, l’empathie, la prise en compte des besoins et des préférences spécifiques du client et la prise de décision partagée. Aucune technologie ne peut remplacer cela. L'inclusion de ces éléments prouve que, même à l'époque de la médecine high-tech, tout traitement dont la réussite se veut durable repose sur une interaction humaine et un ensemble de valeurs, telles que le respect et l'implication du patient. Des études comparatives internationales sur le succès des soins auditifs montrent que plus un patient est activement impliqué et a son mot à dire dans le processus d'adaptation, plus son taux de satisfaction est élevé : l'acceptation est plus élevée, les aides auditives sont davantage portées. Dans l'ensemble, le patient bénéficie d'une meilleure qualité de vie.
L'enjeu reste que, quelles que soient les innovations médicales et technologiques que nous réserve l'avenir, chaque patient a besoin avant tout de soins personnalisés et centrés sur ses besoins spécifiques par des professionnels de la santé et de l'audition irremplaçables et bien formés.