L’histoire de l’implant cochléaire a plus de 70 ans, depuis les premières expérimentations d'André Djourno et de Charles Eyriès en 19571.
Cette histoire a été marquée par la persévérance des pionniers, la créativité des chercheurs, la structuration de magnifiques entreprises, les associations de patients et, enfin, dans la plupart des pays développés, l’implication des pouvoirs publics pour organiser le financement et l’encadrement de l’implant cochléaire.
Le défi pour l’avenir est évidemment l’amélioration des performances, l’extension des indications et l’accessibilité de cette technologie aux patients qui sont éligibles.
L’optimisation de l’électrode
Elle doit permettre d’améliorer les conditions de stimulation en étant toujours plus atraumatique. Cela suppose :
- l’adaptation chirurgicale des électrodes aux données personnalisées du patient, c’est-à-dire à la taille de la cochlée et à l’audition résiduelle. Ceci est possible par une planification pré-opératoire grâce aux données de l’imagerie qui permettent de choisir l’électrode la plus adaptée ainsi que sa longueur.
- d’autre part, l’insertion atraumatique grâce au monitoring électrocochléographie péropératoire en temps réel de l’audition résiduelle ainsi que l’insertion robotisée qui permet un positionnement plus régulier sans dislocation. Ces techniques-là permettront bien sûr une extension d’indication aux surdités moins sévères. (Lire la Tribune du Pr Mathieu Marx : Vers une extension d'indication de l'implant cochléaire ?)
- Enfin, l’adjonction aux électrodes de substances médicales permettra de diminuer l’inflammation et la fibrose et de faciliter la régénérescence axonale.
L’optimisation des performances
Il existe une très grande variabilité des résultats de l’implant qui peut être effectivement due à l’étiologie et à la durée de la perte auditive. Mais d’autres facteurs cognitifs importants interviennent aussi comme la richesse du vocabulaire, les phénomènes attentionnels, la mémoire à court terme, la mémoire de travail. Il faut donc, chez un patient qui a des performances limitées, revoir bien sûr tous les paramètres périphériques de stimulation de manière objective par l’électrophysiologie, mais aussi, après un bon bilan orthophonique et cognitif, organiser des modalités de réhabilitation auditivo-cognitive personnalisées.
Aujourd’hui moins de 10 % des patients éligibles ont accès à l’implant cochléaire
Améliorer l’accessibilité
Aujourd’hui moins de 10 % des patients éligibles ont accès à l’implant cochléaire. Cette problématique de l’accessibilité au plus grand nombre impose une réflexion sur le dépistage systématique de la surdité chez l’adulte et le développement de la télémédecine (la télésurveillance et les téléréglages) pour faciliter le parcours de soins et améliorer la réactivité devant une dégradation des performances éventuelle.
Ces défis doivent être relevés par la mise en place à l’échelle nationale voire européenne d’un consortium de tous les partenaires incluant les associations de patients, les pouvoirs publics, les chercheurs, les industriels et bien sûr les équipes d’implant.