Emelyne Reyeros, responsable Formation et Communication chez Natus France

Nouvelle ambassadrice de ces audioprothésistes qui ont fait le choix de passer “de l’autre côté du miroir” : Emelyne Reyeros, responsable formation et communication chez Natus France depuis 2016, décrit son quotidien et expose sa vision du métier et de son évolution.

Propos recueillis par Ludivine Aubin-Karpinski
(c) zenzen AdobeStock

Audiologie Demain : Pourquoi avoir fait le choix de l'industrie ?

Emelyne Reyeros : J’ai eu le besoin de comprendre les rouages de la partie industrielle autour de l’audioprothèse pour avoir une vision globale et transversale du marché alors que je percevais des changements importants à venir. J’ai choisi de reprendre les études hors temps de travail en 2014-2015 en intégrant l’Edhec Business School pour un Master en Business Development. Ce diplôme a aiguisé ma curiosité et mon envie de polyvalence. J’ai donc fait le choix de mettre à profit ma double compétence en tant qu’audioprothésiste et « Business Developer ». Natus (GN Otometrics en 2016) recherchait un formateur à temps partiel pour la partie audiologie-audioprothèse, j’ai saisi cette opportunité et offert de compléter le poste par des missions de marketing-communication et développement produit et commercial.

L’avantage pour moi de travailler du côté industriel est la polyvalence que mon poste m’offre. Par la pluralité des missions, je suis challengée en permanence pour répondre autant aux besoins des clients, qui pour moi sont mes homologues audioprothésistes, qu’aux besoins de la société pour laquelle j’œuvre. J’apprécie de pouvoir faire le lien en toute légitimité entre les deux parties. Mon profil d’audioprothésiste me permet de comprendre la position du client et mon profil « business » me permet d’entendre les spécificités de la société. Cela m’a demandé et me demande toujours de développer mes compétences et connaissances dans de nombreux domaines et donc de satisfaire le besoin de ne jamais cesser d’apprendre. Le meilleur étant de pouvoir retransmettre toutes ces connaissances lors des formations notamment.

Les difficultés que l’on peut rencontrer à ce poste sont inhérentes au milieu industriel qui est régi par de nombreux processus, notamment de normes de qualité, auxquels nous devons nous soumettre et qui ralentissent souvent la réponse que l’on peut apporter aux besoins des clients finaux, ici les audioprothésistes (ou ORL), suscitant parfois l’incompréhension de ceux-ci et, je l’avoue, de la frustration pour un poste transversal comme le mien.

Audiologie Demain : Comment jugez-vous l'évolution de l'audioprothèse aujourd'hui ?

Emelyne Reyeros : Mon désir de reprise d’étude a été complètement lié à une vision de l’évolution de l’audioprothèse assez proche de ce qui se dessine aujourd’hui. Sur le fond, le changement de législation autour du reste-à-charge zéro est une bonne chose même s’il génère forcément une remise en question des habitudes et une adaptation du métier. Mais, pour moi, il y a toujours du bon dans le changement ; à l’instar du tympan, à nous d’être « compliants ». La digitalisation de la vente, le e-learning était le sujet de mon mémoire de fin d’étude du master, donc pas de surprise de voir la téléaudiologie se frayer un chemin dans le milieu de l’audioprothèse. Toutefois, je reste vigilante sur les dérives et les raccourcis que cela peut permettre de prendre. Et notamment le risque de perdre une rigueur qui me semble indissociable d’un métier de santé comme le nôtre avec la sensibilité, la reproductibilité, la normalisation, la calibration et donc la valorisation de notre expertise et qui ouvrirait trop grande la porte à des industriels de biens de consommation. La santé ne se consomme pas, elle se préserve.

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