De l’autre côté du miroir

Ils se comptaient sur les doigts d’une main au début des années 2000 en France ; ils sont aujourd’hui près d’une vingtaine d’audioprothésistes à avoir fait le choix de travailler pour l’industrie, à des postes divers. Leurs profils et leurs parcours sont variés. Mais tous ont en commun un goût prononcé pour la technologie, une appétence pour le travail en équipe et l’envie de se trouver au cœur de l’action, de participer à la conception des produits à venir. Certains continuent d’exercer en parallèle le métier en centre et leurs missions au sein de l’industrie leur permettent alors de sortir « de la cabine » et de diversifi er leur pratique.

Premiers recrutements dans les années 1980

Parmi ces audioprothésistes qui ont rejoint les rangs des fabricants, on compte quelques figures bien connues du secteur : Jean-Baptiste Delande, directeur France Europe d’Advanced Bionics, Thierry Garnier et Christian Canepa, respectivement directeur marketing et directeur commercial chez Phonak, Philippe Lantin, chef de produits chez Sivantos, Guillaume Allermoz, directeur de l’Université Starkey ou encore Benoît Caudreliez, directeur général de Widex France… (retrouvez leurs interviews ci-contre) Certains d’entre eux y œuvrent depuis près de 30 ans. c’est au milieu des années 1980 que le directeur de Starkey France de l’époque, Philippe Petit, recrute la première audioprothésiste, Bernadette Lefebvre. pendant près de 35 ans, celle-ci a mis son expertise au service de la formation des étudiants en stage ou dans les écoles, des audioprothésistes en exercice mais également des commerciaux de l’entreprise. « C’est dans l’ADN de Starkey, explique Fabrice Vigneron, directeur général adjoint de Starkey France. Bill Austin, notre propriétaire et fondateur, est lui-même audiologiste. Il était donc naturel pour nous de recruter Guillaume Allermoz et Julien Nizard au départ en retraite de Bernadette. »

Un besoin accru d'accompagnement

Les audiologistes « maison » demeurent en France une caste confidentielle. Toutefois, le nombre croissant des audioprothésistes sur le terrain et l’accélération du rythme des innovations se sont accompagnés d’une augmentation de leurs effectifs dans l’industrie. Quand les fabricants sortaient des tuyaux une nouvelle plate-forme tous les troisquatre ans au début des années 2000, dorénavant une nouvelle famille naît tous les 12 à 18 mois. « Le rythme des innovations requiert des professionnels un effort plus important qu’auparavant, confirme Fabrice Vigneron. A fortiori avec des produits disruptifs comme Livio AI ou Livio edge AI… Cela demande un accompagnement spécifique. Guillaume Allermoz, directeur de l’Université Starkey, et Julien Nizard, formateur régional, aidés d’Alain Petit, ont un rôle de facilitateurs. Ils transforment une innovation en un produit qu’il est possible d’adapter. » Depuis quelques années, les fabricants recrutent ainsi pour leurs services de support des alter ego parlant le même langage que leurs clients, capables d’oeuvrer à l’interface des deux mondes pour faciliter l’adoption de nouveaux produits, toujours plus complexes. ce qui se conçoit bien s’adapte aisément...

Cet échange avec leurs pairs permet en outre les remontées terrain, offrant l’opportunité aux fabricants d’ajuster le tir voire d’introduire de nouvelles fonctionnalités réclamées par les clients. en traduisant ces demandes au service de recherche & développement de leur entreprise, ils participent ainsi au processus d’innovation.

Le rythme des innovations requiert des professionnels un effort plus important qu’auparavant.

Fabrice Vigneron, directeur général adjoint de Starkey France

Des traits d'union entre les fabricants et leurs clients

L’audioprothèse est un métier « opérateur-dépendant » : l’un des ingrédients majeurs du succès de l’appareillage est le savoir-faire du praticien et sa maîtrise des produits. Les fabricants ont ainsi progressivement investi le champ de la formation continue des professionnels sur le terrain (relire notre dossier De la formation continue à la recertification). Ils s’assurent de cette façon, en même temps que de la bonne compréhension de leurs produits par les audioprothésistes, du maintien du bon niveau de leurs connaissances. Les audioprothésistes maison constituent les artisans essentiels de ce pan de la relation des fabricants avec leurs clients. ce sont eux qui créent les contenus pédagogiques et dispensent cette formation à leurs pairs. Sonova, et en particulier la marque Phonak, en a fait un véritable axe de développement et de différenciation. « Nous avons une équipe de cinq techniciens et cinq audioprothésistes dédiée au support et à la formation, commente Vincent Lefèvre, directeur général de Sonova France. Notre directeur des ventes et notre directeur marketing sont également audioprothésistes de formation, ce qui porte à sept leur nombre au sein de Phonak. La formation et le support audiologique et technique sont une vraie composante de notre stratégie de soutien aux audioprothésistes. Notre équipe dédiée assure du conseil, une expertise et une aide en direct par téléphone ou par email. Ce service est particulièrement apprécié et utilisé par nos clients avec plus de 2 000 appels par mois ce qui nous encourage à poursuivre.

Nous proposons par ailleurs à nos partenaires un programme de formations variées et qualifiées sur des thèmes audiologiques et/ou techniques tels que : les aides auditives, le logiciel Target, la connectivité, les accessoires, la technologie Roger, la mesure InVivo, le dépistage de pannes... Enfin, nous participons à la formation des étudiants avec des interventions dans les différentes facultés et l’organisation de stage fabricant au sein de notre centre de formation. Un moyen pour Phonak de participer à la formation des futurs audioprothésistes et de nos partenaires de demain ! »